Le blues de l'agent de voyage

LE BLUES DE L'AGENT DE VOYAGE

 

  On sait, on sait, c'est indécent de se plaindre quand on fabrique et vend des voyages de ski, d'alpi et de vélo dans un cadre digne de la Mélodie du Bonheur. Après tout, y a bien des gens qui sont proctologues à Maubeuge (PAS TAPER C'EST POUR RIRE). C'est pas vraiment qu'on se plaint, mais juste des fois, c'est pas facile.

  Par exemple, quand tu veux tellement faire le Mt Blanc cet été que t'es prêt à monter ta propre Quechua 2' à côté du refuge ou à éliminer tous tes potes pour avoir un lit au Goûter (j'ai des noms), et qu'on n'arrive pas à t'obtenir les places. Parce que le système repose sur un algorythme satanique et que parfois, même en promettant l'âme de notre prochain-né au démon, ça ne marche pas (on a aussi proposé des choses inavouables au gestionnaire des refuges, hélas, il est incorruptible).

  Ou quand on doit chercher une pharmacie de garde ouverte le dimanche ET faisant des tests covid dans le Piémont italien pour te permettre de rentrer en France après un Mont Rose ou un Grand Paradis (tu sais que l'italien, ça se parle bien avec les mains, en revanche au téléphone ça passe moins bien).

  Ou bien que le guide booké sur l'ascension se fait une cheville deux jours avant le départ et que tu te retrouves à rappeler Jean-Claude, 80 ans, sorti de l'ENSA en 1967 et qui ne jure que par les cordes en chanvre (spoiler : il est pas dispo non plus).

  Ou quand l'hébergement booké depuis six mois te dit "une résa ? quelle résa ?" et qu'il faut recourir à un mélange de flatteries et de menaces de sévices tombant sous le coup de la loi pour récupérer tes chambres. 

  Bref, heureusement que la montagne est belle, que les guides sont beaux aussi, et que vous nous faites marrer au téléphone, par mail ou quand on a la chance de vous rejoindre sur un groupe pour quelques heures ou quelques jours. Parce que tout ça, c'est pour toi qu'on le fait, et même s'il y a des moments compliqués, y en a plein d'autres où on se dit que tu le vaux bien 💙